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Oie
1 Juin 2022

Un sondage réalisé par Ipsos en mars 2022 indique que 69% des Wallons souhaitent que la Wallonie suive l’exemple de la Flandre et interdise le gavage forcé pour la production de foie gras. Au total, 85% des Wallons sont favorables à une interdiction ou n’y sont pas opposés. Seuls 15% des Wallons soutiennent cette méthode de production.

Afin de mettre un terme à cette pratique causant des souffrances évitables à des dizaines de milliers de canards et d’oies gavés chaque année en Wallonie, une pétition officielle a été déposée auprès du Parlement wallon par l’association de défense des animaux GAIA et les deux grandes fédérations de protection animale wallonnes, associées à l’initiative, l’UWPA (Union Wallonne pour la Protection Animale) et la FéFRACAF (Fédération Francophone des Refuges Agréés pour Chevaux et Animaux de Ferme).

Fin 2021, les équipes de recherche de GAIA visitaient des producteurs de foie gras « artisanal » en Wallonie. L’occasion de filmer l'état des animaux, la façon dont ils sont traités ainsi que les conditions dans lesquelles ils vivent. Ces révélations avaient suscité de nombreuses réactions, tant de la part du monde politique que de la part du secteur de la production de foie gras. La Ministre wallonne du Bien-être animal, Céline Tellier (Ecolo), qui s'était dite choquée par les images, ne s'était pas prononcée sur l’interdiction du gavage et s'était limitée à inviter le public à consommer des produits alternatifs et avait fait part de sa volonté de mieux encadrer le contrôle des éleveurs.

Une réponse insuffisante et inaudible pour les associations de protection animale, qui dénoncent, comme la science, la souffrance animale importante engendrée par ces pratiques, déjà interdites en Flandre et à Bruxelles et dans de nombreux pays. « Une stratégie inadaptée et inefficace, la pratique du gavage étant problématique en soi. Seule son interdiction permettra d’épargner ces souffrances évitables à des dizaines de milliers de canards et d’oies gavés chaque année en Wallonie », indique Michel Vandenbosch, Président de l’association de défense des animaux GAIA.

UNE PÉTITION OFFICIELLE DÉPOSÉE AU PARLEMENT WALLON

Malgré les études scientifiques qui condamnent la pratique du gavage forcé, une première pétition non-officielle rassemblant 82.089 signatures et les images choquantes sur la production de foie gras « artisanal » diffusées par GAIA en 2021, le gavage des canards et des oies reste autorisé en Wallonie. Les associations de protection animale décident donc de lancer une pétition officielle auprès du Parlement wallon. Cette pétition réclame l’interdiction du gavage forcé des canards et des oies en Wallonie et le développement d’alternatives. Une pétition auprès du Parlement wallon est un nouvel outil encore peu utilisé mais qui permet aux citoyens de faire entendre leur voix en attirant l'attention du monde politique sur leurs préoccupations. Par ce moyen, une fois 1.000 signatures obtenues, les pétitionnaires ont le droit d’être entendus par le Parlement. Celui-ci devra alors examiner la demande et apporter une réponse.

Les associations invitent donc les citoyens à se mobiliser à faire entendre leur voix en signant la pétition qui se trouve ici.

LA WALLONIE EN RETARD

Si la région de Bruxelles-Capitale et la Flandre ont interdit le gavage forcé et amorcent même une réflexion sur une interdiction de la vente de foie gras, la Wallonie ne se positionne pas en faveur du bien-être animal dans le cadre de ce dossier. « Seules l’Espagne, la Bulgarie, la France et la Wallonie produisent encore du foie gras au sein de l’Union Européenne. Tous les autres états membres ont déjà interdit - explicitement ou implicitement - le gavage pour la production de foie gras. La Wallonie, qui se targue d’être avant-gardiste en matière de bien-être animal, devrait suivre les évolutions sociétales et légiférer rapidement, d’autant que des alternatives existent », déclare Sébastien De Jonge, Président de l’UWPA.

De plus, selon Jean-Marc Montegnies, Président de la FéFRACAF, « cette interdiction ne concernera que quelques entreprises et n’aura donc que très peu d’impact sur le nombre d’emplois, elle mettra par contre un terme au calvaire vécu par plusieurs dizaines de milliers d’animaux chaque année ».

UNE MÉTHODE DE PRODUCTION ENTRAINANT DE GRAVES SOUFFRANCES, AVÉRÉES SCIENTIFIQUEMENT

Le gavage engendre une forte dégradation du bien-être des canards. Dans sa dernière étude scientifique, le professeur D. Broom, une autorité scientifique de notoriété mondiale, souligne que le foie hypertrophié des canards gavés atteindra presque 10 fois son volume normal et engendrera des problèmes pulmonaires et locomoteurs. Sur la période de gavage, le taux de mortalité des oiseaux est 10 à 20 fois plus élevé que dans les élevages de canards de chair.

« Ce que demande la pétition relève tout simplement du bon sens», explique Ann De Greef, Directrice de GAIA. « Pendant 12 jours, les canards gavés pour la production de foie gras reçoivent quotidiennement jusqu’à un quart de leurs poids en aliments riches pour engraisser leurs foie. Comme si une personne pesant 80 kg devait manger 20 kg de pâtes, par jour ! Aucun être vivant ne peut se sentir bien et être en bonne santé avec de telles quantités d’aliments à ingurgiter. »