Avec une touche d'humour, GAIA proposait hier à ses sympathisants d’interpeller le ministre wallon du Bien-être animal, Carlo Di Antonio, à propos de la castration des porcelets. Notre action fait suite à une conférence donnée par le ministre, lors de laquelle il a soutenu que cette pratique coutumière en élevage, l’ablation des testicules, ne faisait pas souffrir les porcelets. Les réactions ne se sont pas fait attendre, y compris de la part du ministre, qui se dit “triste”, “déçu” des informations “mensongères” données par GAIA.
En tant qu'association de défense des animaux, GAIA met régulièrement sur pied des actions courrier. C’est une manière efficace de faire avancer sa cause, et donc d’aider les animaux. Le fait que, depuis le début de son mandat, Carlo Di Antonio soit pour la première fois la cible d’une telle action est une belle indication qu’il a accompli jusqu’ici un très bon travail. Mais en tant qu’organisation neutre et indépendante politiquement, c’est évidemment notre rôle de dénoncer également des déclarations erronées, a fortiori si elles pérennisent une souffrance animale évitable.
Quels sont les faits ?
- Le ministre a effectivement indiqué que l’ablation des testicules chez les porcelets de moins de 7 jours ne leur occasionnait, selon lui, pas de souffrance. C’est une erreur au regard des informations scientifiques, qui mettent en évidence la douleur indéniable que provoque la castration chirurgicale. Par intérêt évident, l’argument selon lequel l’ablation des testicules ne fait pas souffrir n’est généralement tenu que par les éleveurs de porcs eux-mêmes.
- Comme il le rappelle, le ministre a également mentionné l’existence d’un engagement européen qui est censé mettre fin à la castration chirurgicale à l’horizon 2018. Cette “Déclaration de Bruxelles” n’est qu’un engagement volontaire de la part du secteur porcin, qui n’a pas force de loi. Nous n’y voyons donc pas une garantie que la castration chirurgicale sera effectivement abandonnée.
- Deux alternatives à la castration chirurgicale des porcelets existent, et sont déjà utilisées en Belgique : vacciner contre l’odeur de verrat, et laisser les mâles entiers. La première solution n’est PAS une castration chimique, comme nous le répétons régulièrement. Et si le ministre veut privilégier la deuxième option, nous l’encourageons vivement à légiférer dans ce sens, ce qui règlera le problème une fois pour toutes. Une interdiction en Wallonie est par ailleurs entièrement possible selon la législation européenne.
- Le ministre est d’avis qu’il y a d’autres priorités en matière de bien-être animal. Cet argument est régulièrement utilisé par de nombreuses parties prenantes pour remettre à plus tard chaque campagne de GAIA. Le fait est que la castration chirurgicale des porcelets a déjà fait l’objet d’un avis du Conseil fédéral du Bien-être animal, qui recommandait son interdiction. Ce fut (presque) chose faite en 2013, lorsque la ministre fédérale en charge adopta un Arrêté royal… qui ne devait plus qu’être approuvé par les Régions, dont la Wallonie. Cette simple approbation n’a pourtant jamais eu lieu. Notre position : le texte de loi est prêt, pourquoi encore attendre de le transposer dans la législation wallonne ?
Tout comme le ministre, GAIA regrette la direction prise par cette communication. Dans tous les cas, notre action se veut objective, neutre, scientifiquement appuyée, et avec un seul objectif : moins de souffrance animale. L’interdiction de la castration chirurgicale des porcelets serait une avancée dans ce sens. Et proposer à ses sympathisants d’écrire à l’autorité responsable est une bonne manière d’y parvenir. Il n’y a d’autre volonté que celle-là. Sont cependant à condamner, les insultes et propos désobligeants que certaines personnes ont tenues à l’encontre du ministre suite à cette communication. GAIA reste donc entièrement disposé à dialoguer avec le ministre, afin d’avancer de manière sereine sur cette problématique.