Chaque année en Belgique, quelque 300 millions de poulets sont élevés et abattus pour la consommation. Plus de 90% proviennent d’élevages intensifs, entassés par dizaines de milliers dans d’immenses poulaillers.
Autrefois réservé aux dimanches et aux grandes occasions, le poulet est devenu en quelques décennies un produit de consommation de masse, à faible coût. Les animaux, eux, le payent de leur vie, souvent très cher.
Face aux souffrances graves occasionnées par ce mode d’élevage, GAIA demande à l’ensemble des chaînes de supermarchés et aux consommateurs de ne plus mettre en vente et de ne plus acheter de viande de poulets élevés dans des conditions portant gravement atteinte au bien-être animal, en optant pour des alternatives (plus) respectueuses des animaux.
Les quelque 300 millions de poulets élevés annuellement pour leur chair en Belgique vivent pour la plupart une vie faite de misère et de souffrance. A eux-seuls, ils représentent 96% de tous les animaux élevés dans notre pays. L’élevage intensif en bâtiment surpeuplé est la norme, tant en Wallonie qu’en Flandre. Leur croissance accélérée pose de graves problèmes de souffrance animale au point de ne plus leur permettre de se déplacer et de déclencher de l’ascite ou des pathologies cardiaques graves, voire mortelles.
Issus de souches de poulets à croissance rapide, les animaux sont abattus à environ 40 jours après avoir atteint un poids corporel se situant entre 1,7 et 2,5kg. Sans surprise, cette course à la croissance porte préjudice à la santé et au bien-être des poulets ; leur taux de mortalité est ainsi une statistique connue à l’avance, dont l’éleveur tient compte économiquement. Les animaux n’ont en outre jamais accès à un parcours extérieur. La litière devient vite exécrable, saturée d’excréments et dégage une forte odeur d’ammoniac.
Cette courte vie faite de souffrances : voilà le prix réel de votre filet de poulet.
Quelques statistiques
En 2017, sur les 300 501 659 poulets élevés en Belgique, 252 771 689 proviennent de Flandre et de Bruxelles, et 47 729 970 de Wallonie. A titre comparatif, 7 002 647 000 de poulets sont élevés pour leur chair dans l’Union européenne en 2014 et ce nombre atteint les 44 774 000 000 au niveau mondial.
La Flandre compte pour 87% de la production belge de poulet avec 511 élevages de plus de 100 têtes. En moyenne, un élevage compte 50 850 animaux, alors que cette estimation moyenne n’était que de 37 500 poulets en 2013, soit 15 à 23 poulets par m2. L’élevage biologique ne représente en outre que 0,1% des poulets élevés dans la région. En Wallonie, – 13% de la production belge de poulet – sur les 271 élevages professionnels que compte la région, 80 sont des élevages biologiques (6% des poulets élevés dans la région) et 20 sont en qualité différenciée. Un élevage wallon compte en moyenne 16 916 poulets.
Grandir vite et mourir jeune
En élevage industriel, les poulets sont sélectionnés pour produire beaucoup de chair en un minimum de temps. Ils sont issus d’une souche de la sous-espèce d’oiseaux Gallus gallus, sélectionnée génétiquement essentiellement dans un objectif de rentabilité. Le poulet de chair Ross est la race la plus fréquemment utilisée en Belgique.
Au cours des 60 dernières années, la vitesse de croissance des poussins élevés intensivement pour la viande a ainsi augmenté de 400% (de 25g à 100g par jour). De plus, pour entretenir leur croissance très rapide, les animaux disposent d’une alimentation spécifique, riche en protéines.
Cette course à la croissance porte sans surprise préjudice à la santé et au bien-être des jeunes poulets, occasionnant notamment des déformations osseuses. Les pattes fléchissent sous le poids surdimensionné du corps. En conséquence, beaucoup souffrent de douloureux problèmes aux pattes (boiteries, ou en position de grand écart). Dans les élevages flamands, il est estimé que 47 % des poulets souffrent de boiterie. Outre les problèmes aux pattes, la croissance accélérée des poulets engendre également des troubles cardiaques : l'ascite et le syndrome de la mort subite. Il est estimé que l'ascite concerne de 0,34 % à 5 % des poulets élevés dans le monde, soit 920 000 à 13 500 000 oiseaux en Belgique par an.
Surpopulation et manque de place
Les problèmes locomoteurs causés par la sélection génétique sont aggravés par l’état de surpopulation dans les hangars et par le manque de place qui en découle. Les hangars fermés contiennent généralement plusieurs dizaines de milliers d’animaux. Si, à leur arrivée, les poussins disposent de place pour se mouvoir, l’espace est rapidement comblé par leurs corps qui grossissent rapidement.
Avec des densités moyennes de 15 à 23 poulets par m2, soit un espace à peine plus grand qu’une feuille A4, les déplacements deviennent de plus en plus difficiles et pénibles, dégradant ainsi les conditions de vie des oiseaux. Cette concentration rend notamment difficile l’accès aux mangeoires.
Des élevages insalubres
Pendant la quarantaine de jours d’existence des poulets, la litière n’est jamais changée. A cause des problèmes de boiteries et de surpeuplement, les poulets passent la plupart du temps couchés sur une litière humide et sale, occasionnant des maladies de la peau telles que la dermatite de contact (érosions du bréchet, du tarse et des pattes qui peuvent prendre la forme d’ulcérations et s’infecter. Les émanations d’ammoniac de la litière sont également la source de troubles respiratoires, détériorant un peu plus les conditions de vie des oiseaux.
Privés de leurs comportements naturels
En condition d’élevage intensif, les poulets se retrouvent également dans l’incapacité d’exprimer de nombreux comportements éthologiques et besoins naturels essentiels, tels que le grattage du sol et la prise de bains de poussière, ou la formation de groupes sociaux naturels.
Le déplumage prononcé remarqué sur certains oiseaux peut également indiquer un comportement de picages entre congénères, signe de hiérarchies perturbées. Enfin, notons que les poussins ne sont à aucun moment de leur vie en contact avec leurs mères, pourtant responsables d’une partie de l’apprentissage comportemental des poussins (picorage, recherche de nourriture).
La mortalité : un facteur économique
Les autorités et les éleveurs ont conscience de la souffrance induite par ces conditions d’élevage, qui consiste à sélectionner génétiquement des animaux afin de vite les faire grossir vite et de les enfermer dans des hangars à très fortes densités. Cette situation aberrante est même parfaitement légale. Dans ce contexte, les taux moyens d’animaux malades, déformés et morts deviennent une statistique connue à l’avance, dont on tient compte économiquement.
Une limite à ce taux a même été définie dans la loi : celle-ci ne peut dépasser les 3,46% d’animaux morts sur l’ensemble du cheptel, soit près de 1 800 têtes pour un élevage moyen de 50 000 oiseaux, ou près de 10 400 000 poulets sur l’ensemble de la Belgique, chaque année.
Belplume
90% des éleveurs belges de poulets sont affiliés au label Belplume, une association sans but lucratif dont l'objectif affiché est de favoriser la consommation et de soutenir l'image de la viande de poulet et d'œufs en Belgique. Si « le souci de la santé et du bien-être des animaux » figure parmi l’un des quatre points principaux de leur cahier des charges, ce dernier n’apporte dans les faits aucune plus-value pour le bien-être des animaux. Créé par l’industrie elle-même, cette asbl ne voit que l’intérêt de la rentabilité financière de la filière, mais semble par contre bien légitimer, voire soutenir, la souffrance animale à grande échelle.
Des alternatives (plus) respectueuses
GAIA considère la situation actuelle de l’élevage de poulets en Belgique totalement inadmissible et indigne de toute notion sérieuse de bien-être animal. Nous demandons à l'ensemble des chaînes de supermarchés de modifier leur cahier des charges adressé aux éleveurs, pour ne plus accepter de viande de poulets élevés dans les circonstances observées et éviter les graves souffrances infligées aux animaux.
- L’offre influence la demande : Une première approche consiste à ce que la distribution prenne en charge une hausse des coûts liée à des conditions d’élevage moins intensives, en retirant de la vente la viande poulets élevés dans les pires conditions, au profit de celle provenant d’élevages offrant de meilleures conditions de vie aux poulets. Les critères correspondant au premier grade du label Meilleure Vie (Beter Leven) améliorent ainsi notablement la qualité de vie et diminuent les facteurs de souffrances.
- La distribution répercute les coûts liés à une production offrant de meilleures conditions de vie aux poulets, sur le prix d’achat de la viande.
- Ce surcoût peut également être pris en charge à la fois sur le distributeur et sur le consommateur.
- Soucieux du bien-être animal, le consommateur décide de s’orienter vers des alternatives plus chères, en préférant notamment des poulets issus d’élevages en plein air ou bio qui offrent aux poulets de bien meilleures conditions de vie. Les critères de la marque de certification collective française Label Rouge pourraient également servir d’exemple à l’ensemble de la production.
- Reste la possibilité de se détourner de la consommation de viande de poulets, au profit d’alternatives végétales toutes aussi nutritives et savoureuses.
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Mai 2019