Chaque année, près d’un milliard de volailles et 37 millions de bovins, cochons, moutons, chèvres et équidés sont transportés vivants à l’intérieur de l’Union européenne et vers des pays tiers. Les animaux sont fréquemment transportés sur de très longues distances, souvent des milliers de kilomètres. Ces trajets peuvent durer plusieurs jours avant qu’ils n’atteignent leur destination finale.
Les citoyens européens sont majoritairement favorables à une limitation de la durée de transport des animaux vivants ; pourtant, leurs attentes ont été jusqu’à présent largement passées sous silence. GAIA lance cette campagne en collaboration avec Eurogroup For Animals.
Le contexte
Les longs transports ne sont pas sans conséquences sur les animaux qui sont épuisés, déshydratés et se blessent. Certains en meurent. Tous les animaux d’élevage, quel que soit leur âge ou leur condition physique, sont concernés. Certains sont déjà affaiblis par des semaines de production intensive. Parmi eux, les veaux mâles laitiers non sevrés sont les jeunes victimes des longs transports. Privés de nourriture et de repos, ils sont en effet contraints à l’immobilisme durant de longues heures dans des camions surchargés.
Tous subissent le même sort et la réglementation protégeant les animaux d’élevage pendant leur transport ne permet pas d’assurer leur bien-être. De plus, on constate des manquements importants dans son application puisque les contrôles en la matière sont trop peu nombreux : seuls 1% sont menés durant la phase même de transport (sur la route et non pendant le déchargement des animaux).
L’Allemagne, les Pays-Bas et le Danemark ont conjointement demandé à la Commission européenne une révision de la réglementation régissant le transport d’animaux vivants (Règlement CE 1/2005 du 22 décembre 2005). La Suède et l'Autriche et plus récemment la Belgique ont suivi cette initiative.
La révision de la réglementation permettrait :
- Sa meilleure application sur le terrain.
- Une adaptation de la réglementation aux récentes données scientifiques sur le bien-être et la santé animale.
- Une meilleure prise en compte de certaines espèces qui sont, pour le moment, oubliées de la réglementation actuelle.
- D’appliquer de multiples exigences plus strictes quant à la qualité du transport d’animaux vivants.
- De renforcer les connaissances et compétences des transporteurs via une meilleure formation.
Nous appelons les gouvernements des autres pays membres de l’Union européenne à soutenir l’initiative de l’Allemagne, du Danemark et des Pays-Bas.
Transport d'animaux vivants : quid de la Belgique ?
La Belgique est surtout un pays qui est traversé par les transports d'animaux vivants. Notamment par des camions provenant de France, qui exporte chaque année plusieurs millions d'animaux de boucherie vivants. Cependant, la Belgique exporte et importe également des animaux vivants.
Les exportations d'animaux vivants depuis la Belgique en 2015, vers l'UE et hors-UE, représentaient respectivement 1742,8 et 2447 tonnes d'animaux.
Exemples hors UE :
Emirats Arabes Unis (74,8), Suisse (100,6), Egypte (68), Israël (58,6), Iraq (23,6), Liban (83,2), Maroc (283,9), Arabie Saoudite (75,8), Turquie (63,3), Libye (87,1), Chine (41,1)
Le commerce international d'animaux vivants est exprimé en tonnes et en euros, pas en nombre d'individus animaux. Source Eurostat
A ces chiffres s'ajoutent également les 1225,3 tonnes d'animaux vivants que la Belgique a importées depuis d'autres pays de l'UE, et les 243,9 tonnes importées de pays hors UE.
Fin 2015, Willy Borsus, le ministre fédéral de l'Agriculture, annonçait que la Belgique venait d’obtenir son agrément par les autorités turques pour l'exportation de bovins destinés à l'engraissement. Le ministre se félicitait de cette nouvelle, qui représentait selon lui une « belle opportunité pour le secteur ».
Pourtant, les conditions déplorables dans lesquelles les animaux sont transportés pour de longues distances, particulièrement vers la Turquie, sont bien connues. Selon le rapport d'une enquête réalisée entre 2010 et 2015 par nos partenaires Eyes on Animals, 70 % des transports d'animaux inspectés entre l'UE et la Turquie ne respectaient pas le Règlement européen 1/2005 sur le transport d'animaux.
(Photos : Jack Tummers, RSPCA, Emma Haswell, Vier Pfoten)