Certains medias se sont enflammés cette semaine autour d'un spot radio réalisé par GAIA, dans le cadre de notre campagne pour imposer l'étourdissement des animaux lors de tous les abattages (notamment l'abattage rituel qui bénéficie en Belgique d'une dérogation à l'obligation légale d'étourdir les animaux avant l'égorgement). Devant cette montée en accusations absurdes et irrationnelles à notre encontre, je souhaite apporter des éléments d'appréciation de la situation autour de cette campagne de GAIA :
Parmi les conduites à tenir durant un abattage "rituel", il y a l'obligation d'épargner aux moutons qui attendent la vue de l'égorgement des précédents. Ce précepte se fonde sur le constat des comportements de panique qui s'observent chez les moutons qui voient les autres se faire égorger, et il date du 7e siècle. On est aujourd'hui au 21e et on lit encore des critiques qui qualifient d'anthropomorphique la reconnaissance des sentiments d'angoisses, de terreur, d'anticipation et de peur de la mort qui existent chez la plupart des animaux (dont nous sommes) et qui s'expliquent très simplement en termes évolutifs.
Je rappelle que la Fédération des vétérinaires européens (FVE), l'Autorité européenne de sécurité des aliments (EFSA) et chez nous le Conseil du Bien-être animal, rattaché au Ministère de la Santé, condamnent toutes l'abattage sans étourdissement, au regard des souffrances que subissent les animaux.
Dans notre campagne à la radio, on entend précisément un mouton décrire les faits, une réalité dramatique pour lui, de son point de vue. C'est tout. Il n'y a aucune comparaison avec quoi que ce soit. Le fait qu'il ne comprenne pas la langue parlée est un premier indice qui amène à la découverte que la personne qui parle est, en fait, un mouton qui va mourir.
Cette histoire d'amalgame est partie d'un ressenti subjectif de journaliste, qui a très malheureusement été repris en boucle par de nombreuses rédactions comme information avérée. Les créatifs de l'agence Famous, qui a réalisé ce spot pour nous, ont d'ailleurs indiqué qu'ils avaient pensé à la série "Homeland", jamais à la déportation. Mais par une gymnastique mentale étrange, ce sont ceux qui font eux-mêmes cette comparaison ... qui la dénoncent.
Je souhaite enfin rappeler qu'en tant qu'association de défense des animaux, nous militons pour un meilleur respect envers tous les êtres sensibles, sans distinction de race, de religion, de couleur de peau, d'origine sociale, de genre ou d'espèce. Nos campagnes s'appuient sur des expertises vétérinaires, et l'anthropomorphisme n'est pas une critique acceptable lorsqu'il est avéré que les animaux sont, comme nous, les sujets de leur propre vie et de leurs propres sensations.
Ann de Greef
Directrice de GAIA