Virton, le 31 janvier 2014. Aujourd'hui, GAIA a mené une action à Virton contre l'arrivée d'un nouvel élevage d'animaux à fourrure, aux côtés de riverains, d'Animaux en Péril et de la SPA d'Arlon. Les militants ont manifesté à l'aide de pancartes devant l'entrée de l'Hôtel de Ville, avant d'assister au Conseil Communal. Les manifestants ont pu compter sur le soutien de la mascotte Nina, un vison à taille humaine.
18 000 visons
Une demande de permis pour un élevage de 18 000 visons devrait être introduite à Bleid, une section de la ville de Virton. L'année passée, une demande similaire avait été déposée à Wervik, pour ce qui pourrait devenir le plus gros élevage de visons de notre pays. Le Collège des Echevins avait rendu un avis négatif, mais la députation provinciale a, elle, donné son accord. GAIA et la commune ont entamé une procédure d'appel auprès de la Ministre flamande de l'Environnement, Joke Schauvliege. Par ailleurs, plusieurs propositions de loi pour l'interdiction nationale de l'élevage d'animaux à fourrure sont prêtes à être votées au Parlement fédéral.
Détermination
Tant GAIA que de nombreux habitants de Virton sont déterminés à mener ce combat jusqu'à terme. Dès que la demande sera déposée, l'organisation de défense des animaux déposera une réclamation en bonne et due forme. « Même s'il n'était ici question que d'installer une seule cage pour visons, nous serions prêts à empêcher l'arrivée des camions », confirme la directrice de GAIA, Ann De Greef. La protestation a également lieu en interne : la locale Ecolo de Virton a déposé une motion visant à empêcher l'implantation d'élevage d'animaux pour la fourrure sur le territoire de la Ville.
Mal-être animal
L'élevage de visons pour la fourrure pose de graves problèmes de bien-être animal. Le vison est un animal sauvage dont le territoire à l'état naturel s'étend sur plusieurs kilomètres carrés. Il passe également une importante partie de sa vie dans et à proximité de l'eau. En élevage, enfermés dans des cages de treillis métallique d'à peine 85 cm x 30 cm, ces animaux ne peuvent adopter leur comportement naturel, et encore moins nager. Par ennui, frustration et la pauvreté de leur environnement, ils développent des comportements anormaux, des gestes de stéréotypie, qui expriment leur mal-être. Les visons tournent en rond de façon répétée, mordent le métal de leur cage, se rongent la queue par automutilation. Regardez la vidéo
Nuisances
Les élevages d'animaux à fourrure sont à l'origine de nombreuses nuisances pour les riverains : odeurs, bruits (des ventilateurs et des camions), insectes, poules tuées par des visons en fuite... Les demandes de permis d'environnement pour un nouvel élevage ou une extension d'élevage donnent toujours lieu à de vives protestations de la part des habitants. A Wervik, plus de 2000 réclamations ont ainsi été introduites, et à Somme Leuze, un projet d'élevage a fait l'objet d'un refus pour notamment des raisons de nuisances suite aux plaintes des riverains.
Préservation de la nature
Le vison américain, que l'on élève pour la fourrure, est une espèce invasive, qui en cas d'évasion présente un risque réel pour les habitats et espèces protégés (oiseaux, reptiles, amphibiens et mammifères).
Interdiction légale
Lors de l'action, les manifestants ont également appelé les parlementaires à enfin voter en faveur d'une interdiction nationale, sur la base des propositions de loi sur la table. Le député Peter Vanvelthoven (sp.a) avait déjà introduit une proposition de loi en 2010 afin d'interdire l'élevage d'animaux pour la fourrure. Cette proposition a été cosignée par le PS et le MR. Ecolo, cdH et Groen ont introduit des propositions de lois similaires, et la N-VA s'est également prononcée pour une interdiction. Du côté de l'Open VLD, on plaide pour l'application aux élevages des normes des parcs animaliers, ce qui empêcherait toute rentabilité de ces exploitations. Au Parlement, une majorité des députés souhaite donc mettre un terme à l'élevage d'animaux pour leur fourrure.
Opinion publique
Ce point de vue partagé par le PS, Ecolo, le cdH, le MR, le sp.a, Groen et la N-VA concorde par ailleurs avec les résultats des sondages d'opinion réalisés par IPSOS auprès d'un échantillon représentatif de la population. Il en ressort que près de 9 Belges sur 10 (86 %), toutes couleurs politiques confondues, considèrent qu'il faut en finir avec ce type d'élevage en Belgique, peu importe les conditions dans lesquelles les animaux sont détenus. En d'autres mots, l'opinion publique belge est très largement en faveur d'une interdiction légale des élevages d'animaux à fourrure.
Situation à l'étranger
De nombreux pays ont déjà interdit l'élevage d'animaux pour la fourrure. En Grande-Bretagne, en Bulgarie et en Autriche, cette mesure est d'application depuis des années. En Suisse, l'élevage est inexistant tant la sévérité des normes empêche toute rentabilité économique. Dans d'autres pays comme la Croatie, la Slovénie et la Bosnie-Herzégovine, une interdiction a été adoptée mais il existe une période transitoire pour les élevages existants. En Irlande, en Finlande, en Italie et en Suède, des initiatives sont prêtes à être débattues au Parlement. En Pologne, un projet d'élevage a récemment essuyé un refus des autorités, notamment en raison de l'opposition de la population. Même les Pays-Bas, soit le troisième producteur mondial avec 6 millions de visons par an, ont adopté une interdiction, prévoyant une période transitoire jusqu'en 2024 et des mesures de soutien.