LES RACES DE CHATS À INTERDIRE EN URGENCE SELON LES EXPERTS
Ce 24 février 2021, le Conseil Wallon du Bien-être Animal a rendu public ses conclusions concernant les races de chats pour lesquelles il est impératif de prendre des mesures, allant de l’interdiction en urgence à des mesures correctives indispensables.
Les races concernées sont atteintes d’hypertypes (accentuation à l’extrême) ou de maladies génétiques, dû aux pratiques de sélection des éleveurs. Les individus développent alors de la souffrance et de la douleur. C’est le cas par exemple du Scottish Fold, qui figure dans le top 15 des races les plus appréciées par les belges.
L’HYPERTYPE, UNE PROBLÉMATIQUE IMPORTANTE ET RÉPANDUE, POURTANT MÉCONNUE
L’hypertype est l’accentuation à l’extrême de traits d’une race par les éleveurs, qui pose une problématique grave lorsque la santé et le bien-être de l’animal est atteint. Avec un foyer sur trois en Belgique qui possède un ou plusieurs chats, ce phénomène est de plus en plus répandu et atteint des milliers d’individus chaque année.
Chez les chiens par exemple, il est extrêmement fréquent de voir des Bergers Allemands avec le dos particulièrement incliné et être porteurs de dysplasie de la hanche – ce qui occasionnera des problèmes de mobilité et de la souffrance importante, ou encore des Bouledogues qui souffrent de difficultés respiratoires et qui doivent être opérés, leurs museaux étant raccourcis à outrance par les éleveurs. Mais le phénomène des dérives de l’élevage va encore plus loin, avec par exemple le Twisty Cat (ou Kangourou Cat), dont les pattes sont atrophiées et déformées ou encore le Munchkin, dont les pattes sont fortement raccourcies.
LES MESURES PRÉCONISÉES PAR LES EXPERTS
Le groupe de travail composé d’experts (chercheurs universitaires, vétérinaires…) mais aussi des secteurs concernés (protection animale, éleveurs) recommande :
- L’interdiction en urgence de la reproduction, de l’importation et de l’acquisition de plusieurs races ou groupes d’individus au sein de ces races : le FOLD, le MUNCHKIN, le MANX et le KANGOUROU CAT. Toutes ces races sont concernées par des problématiques graves (problèmes de croissance, atrophies, chats sans queue…).
- La création d’une commission spéciale pour le PERSAN, l’EXOTIC, le SPHINX et le REX DEVON, qui pourrait assurer la mise en place d’une série de mesures comme l’obligation d’attestations vétérinaires, la formation des éleveurs, l’évaluation des résultats obtenus, la recherche scientifique ou encore la prise de position concernant l’introduction sur le marché wallon de nouvelles races.
Il est à noter que le Conseil Wallon préconise bien entendu que les chats de ces races déjà détenus au moment de la mise en place d’une législation ne soient pas concernés par ces mesures.
UN RÉEL ENJEU DE BEA, UN FAUX ENJEU DE SOCIÉTÉ
Aujourd’hui, ces races sont reproduites et peuvent s’acquérir en toute légalité en Wallonie, malgré l’ineptie de la situation et la souffrance considérable occasionnée.
Pourtant, certains éleveurs continuent de s’opposer à toute interdiction. En 2019, une levée de boucliers avait fait reculer la Wallonie concernant l’interdiction du Scottish FOLD, alors que les experts des Conseils du Bien-être Animal wallon, flamand et bruxellois sont unanimes quant à son interdiction.
Une situation d’autant plus incompréhensible que le secteur de l’élevage félin est un microcosme et que très peu sont réellement concernés par de tels mesures : sur les 1127 éleveurs wallons, on dénombre seulement une trentaine d’éleveurs professionnels (plus de deux portées par an) de Fold ou de Munchkin.
LES ASSOCIATIONS DE PROTECTION ANIMALE ESPÈRENT UNE LÉGISLATION RAPIDE
Les associations demandent à la Ministre du Bien-être Animal, Céline TELLIER, et au Gouvernement wallon de suivre les recommandations des experts et de légiférer rapidement.
Pour Sébastien de Jonge, Vice-Président de l’UWPA : « Les conclusions des experts du Conseil Wallon sont sans appel : il est urgent de légiférer sur ces races, d’autant qu’elles ne concernent que quelques éleveurs. La société demande plus de bien-être animal, la Ministre a désormais l’occasion d’y répondre, de suivre les experts et de montrer que la Wallonie ne tolère plus ces pratiques éthiquement inadmissibles ».
« Il est inconcevable qu’aujourd’hui, alors que les refuges wallons sont saturés par l’accueil des milliers de chats chaque année, que l’on permette à quelques-uns de faire un commerce d’animaux qui produit de la souffrance. Le bon sens, l’éthique et le principe de précaution doivent prévaloir » renchérit Ann Degreef, Directrice Générale de GAIA.