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gavage
Alors que la Région bruxelloise, la Flandre ainsi que la majorité des pays de l’UE ont déjà interdit le gavage des palmipèdes pour la production de foie gras, la Région wallonne continue de fermer les yeux sur cette pratique d’une cruauté inouïe. Pour mettre fin à l'inaction politique de longue date du gouvernement wallon dans ce dossier, GAIA a décidé de le poursuivre en justice.
4 Décembre 2023

Environ 25 000 palmipèdes sont gavés chaque année par les sept producteurs de foie gras wallons encore en activité. La législation encadrant cette pratique n’a que très peu évolué depuis l’adoption de la loi de 1986 relative à la protection et au bien-être des animaux. Cette loi désuète est même demeurée parfaitement intacte depuis 2014, date à laquelle le bien-être animal est devenu une compétence régionale.

Cela fait maintenant neuf ans que le gouvernement wallon, pourtant compétent en matière de bien-être animal, reste les bras croisés face au gavage, alors même que les connaissances scientifiques confirment les terribles souffrances infligées par cette pratique », explique Michel Vandenbosch, président de GAIA.

Michel Vandenbosch
Président de GAIA

Une règlementation en conflit avec la législation européenne

L'inaction du gouvernement wallon dans ce dossier est d'autant plus aberrante que sa règlementation contredit la législation européenne depuis longtemps. En effet, la directive européenne 98/58 précise qu’aucun animal « n’est alimenté ou abreuvé de telle sorte qu’il en résulte des souffrances ou des dommages inutiles ». 25 ans après l’adoption de cette directive par l’UE, le gouvernement wallon ne l’a toujours pas transposée dans sa propre législation. Et ce alors qu’il s’était engagé à soutenir et à prendre « des initiatives d’harmonisation des normes européennes vers un meilleur niveau de protection des animaux ».

Aucune recherche sur les alternatives au gavage

Par ailleurs, cette inaction se heurte aux recommandations du Conseil de l’Europe de 1999, qui précise que les pays autorisant la production de foie gras doivent encourager « les études portant sur les aspects de bien-être et la recherche de méthodes alternatives n’impliquant pas la prise forcée d’aliments ». En effet, à ce jour, la Wallonie n’a ni effectué ni financé de recherche relative aux méthodes alternatives au gavage forcé.  

Une pétition officielle ignorée

En décembre 2022, une pétition officielle en faveur de l’interdiction du gavage a été lancée par GAIA, l’UWPA (Union Wallonne pour la Protection des Animaux) et la FéFRACAF (Fédération des Refuges Francophones Agréés pour Chevaux et Animaux de Ferme). Pour être entendus par le Parlement wallon, il était nécessaire d’obtenir 1 000 signatures. Ce sont finalement 6 650 signatures qui lui ont été remises. Malgré la conformité de notre pétition à la procédure officielle, et après avoir entendu le Président de GAIA en commission Bien-être animal, le Parlement wallon n’y a donné aucune suite.

Notre action en justice comme ultime recours

Face à cette inertie tenace, GAIA a pris la décision de poursuivre la Région wallonne en justice. Nous considérons en effet que cette dernière n’a pas tenu ses engagements, formellement transcrits dans son Code du bien-être animal, qui prévoient de mener une politique visant à protéger les animaux de la maltraitance en tenant compte de leurs besoins et de leur sensibilité.

Au vu du Code wallon du bien-être animal, GAIA et les citoyens sont légitimement en droit d’attendre que la Région wallonne agisse pour protéger les oies et les canards victimes du gavage. En ne tenant pas les engagements qu’elle s’est elle-même fixés dans le Code wallon du bien-être animal, la Région viole donc le principe de confiance légitime. Aujourd’hui, une action en justice contre le gouvernement wallon nous apparaît comme le seul et unique moyen de contraindre la Région wallonne à réviser la législation encadrant le gavage à l’aune de la législation européenne et des connaissances scientifiques actuelles.

Michel Vandenbosch
Président de GAIA