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L'arrêté du gouvernement flamand, jugé médiocre par GAIA, se contente de perpétuer la souffrance des dindes.
12 Décembre 2023

Bruxelles, le 12 décembre 2023 - GAIA déplore le nouvel arrêté du gouvernement flamand visant à établir des règles minimales pour l'élevage de dindes. Ce texte, en ignorant les besoins fondamentaux de ces animaux sociaux et intelligents, ne fera que perpétuer les pratiques abusives dans les élevages de la région – pratiques que nous avons d'ailleurs exposés à plusieurs reprises au travers de nos enquêtes (voir vidéo et photos ci-jointes). En bref, il priorise les intérêts de la filière au mépris du bien-être des dindes. L'arrêté, dont l'entrée en vigueur est prévue en 2026, est désormais devant le Conseil d'État pour avis.

Densité d'élevage, souches à croissance rapide et parcours extérieurs peu ou pas réglementés

Dotées d’une vie mentale complexe, les dindes ont des besoins fondamentaux qui doivent être satisfaits si l’on veut garantir leur bien-être. 

Trois critères fondamentaux sont à considérer pour assurer celui-ci : 

  • la densité de population dans les élevages ne doit pas être trop élevée ;
  • l'utilisation de souches à croissance rapide doit être interdite ;
  • Un parcours extérieur doit être accessible aux dindes.

Statu quo en vue

Concernant ces trois critères, la nouvelle législation ne présente aucune avancée : elle ne fait que confirmer les pratiques déjà en application dans la filière.

La disposition concernant la densité de population se contente d’entériner les normes déjà en place dans l'industrie. Par conséquent, les éleveurs de dindes n’auront guère besoin de prendre de nouvelles mesures pour s’y conformer. En Flandre, la densité de population maximale est de 52 kg (ou 6 individus) par m2 pour les dindes et de 56 kg (ou 3,5 individus) par m2 pour les dindons. À titre de comparaison, la réglementation wallonne encadrant l’élevage de dindes, adoptée en mars 2022, prévoit une densité maximale de 30 kg par m2 pour les dindes et de 36 kg par m2 pour les dindons.

Concernant les taux de croissance 

GAIA juge inacceptable les taux de croissance stipulés par cet arrêté, à savoir 100 g par jour pour les dindes et 135 g par jour pour les dindons. En effet, ces taux de croissance élevés autorisent l’utilisation de souches à croissance rapide.

Nous considérons que ces dispositions sont insuffisantes pour garantir le bien-être des dindes. Elles se contentent de légitimer les pratiques déjà en application dans cette filière, sans améliorer le bien-être des dindes. La problématique des souches à croissance rapide, également présente chez les poulets de chair, doit être abordée. GAIA demande que seules les souches de dindes à croissance lente soient autorisées. Ainsi, le taux de croissance maximal pour les dindons devrait être limité à 110 ou 120 g par jour. 

— Ann De Greef, directrice de GAIA 

Concernant l’accès à l’extérieur

En outre, la réglementation flamande encadrant l’élevage de dindes ne prévoit pas d’accès à l’extérieur.

Les dindes ne disposant pas d'un parcours extérieur devraient au moins avoir accès à un “jardin d'hiver”, c’est-à-dire un espace intérieur similaire à une véranda.

— Ann De Greef, directrice de GAIA

Avant cet arrêté, l'élevage de dindes ne faisait l'objet d'aucune réglementation. Cette nouvelle législation se contente de perpétuer les normes industrielles déjà en place et ne contribue en rien à l'amélioration du bien-être des dindes.

Une réglementation floue

Les dispositions visant à améliorer le bien-être des dindes sont bien trop vagues. Si l'arrêté impose la présence de certains éléments tels que de la litière, du matériel d'enrichissement ou des installations d'eau potable, il ne les décrit pas avec suffisamment de précision. Cette ambiguïté rend la garantie de son respect impossible.

Concernant le système de contrôle à l’abattoir

Le système de contrôle proposé pour déterminer si les densités de population dans les élevages sont trop élevées manque aussi de fiabilité. Réalisé à l’abattoir, il se base sur l’évaluation des lésions au niveau des coussinets plantaires d’un échantillon de 100 dindes. Selon ce système, si au moins 40 % des dindes présentent de graves lésions au niveau des coussinets plantaires, la densité de population dans l’élevage devra être réduite de 10 %. Cependant, il est peu probable que de tels échantillons soient systématiquement réalisés dans les abattoirs, ou que leurs résultats soient appliqués.

L’opposition des associations de protection animale

Tous les représentants des associations de protection animale siégeant au Conseil du bien-être animal, à l'exception d'un seul, ont voté contre l'avis sur lequel se base cet arrêté. 

Le ministre n'a finalement pas tenu compte du vote des défenseurs des animaux. Le résultat est une réglementation défectueuse condamnant les 1,2 million de dindes élevées chaque année à une vie misérable : des conditions où les animaux sont de plus en plus entassés à mesure qu’ils atteignent leur poids d'abattage, pouvant de surcroit souffrir de boiteries, de lésions douloureuses au niveau des pattes, de blessures dues au picage, de nécroses répugnantes, etc.

La réglementation wallonne comme base minimale

Les normes définies dans l'arrêté du gouvernement wallon de 2022 concernant le bien-être des dindes d'élevage sont, pour GAIA, le strict minimum. Elles accordent effectivement une bien plus grande attention aux besoins fondamentaux des dindes et à leur bien-être.