Bruxelles, le 31 juillet 2013. La FEBEV, la Fédération Belge de la Viande, et Chevideco, le plus gros importateur de viande chevaline, ont réagi à la campagne de GAIA en niant l'existence de problèmes autour de la viande de chevaux commercialisée en Belgique. Selon eux, la traçabilité et le bien-être des équidés sont irréprochables. Pourtant, les résultats de l'enquête réalisée par GAIA en mai 2013 en Roumanie démontrent les maltraitances que subissent les chevaux roumains destinés au marché belge. Des sévices similaires ont lieu en Argentine sur les chevaux d'abattage.
La FEBEV et Chevideco démentent que les équidés sont abattus sans étourdissement préalable. GAIA n'a pu constater une telle pratique (pas d'accès aux abattoirs), et n'a d'ailleurs jamais affirmé qu'elle avait cours. Par contre, l'organisation de défense des animaux constate que le cahier des charges établi par Chevideco pour ses fournisseurs roumains et sud-américains n'impose pas l'étourdissement. Mais la FEBEV et Chevideco font peut-être simplement référence à la situation belge. De même, en évoquant l'identification des animaux à l'aide d'une puce, Chevideco ne parle que de pratiques en cours dans notre pays. En Argentine, les enquêteurs de GAIA ont pu constater que l'identification des chevaux n'avait lieu qu'à l'arrivée au lieu de rassemblement, après un transport sur longue distance, et qu'elle était réalisée par marque auriculaire ou au fer rouge (interdit en Europe). Par ailleurs, de nombreux chevaux volés en Argentine se retrouvent dans le circuit de la viande.
Cahier des charges lacunaire
GAIA a pu consulter le cahier des charges établi par Chevideco, et déplore ses nombreuses lacunes. Il autorise par exemple le transport d'animaux dans des camions ouverts, sans protection contre les conditions météorologiques. Par ailleurs, de nombreuses prescriptions sont inapplicables dans le contexte de l'Argentine. Le cahier des charges n'exclut pas non plus l'utilisation d'objets coupants et de chiens pour forcer les chevaux à monter dans les véhicules. Autre insuffisance : aucune limite de temps de transport n'est prévue. En Argentine, les enquêteurs de GAIA ont suivi des transports d'une durée de 15 heures, pendant lesquelles les animaux ne reçoivent ni eau, ni nourriture, ni temps de repos. Enfin, dans le communiqué de la FEBEV, la société Chevideco feint la surprise face aux informations apportées par GAIA. Pourtant Ann De Greef, la directrice de GAIA, s'est entretenue il y a quelques semaines avec le CEO de Chevideco. Un entretien lors duquel l'organisation de défense des animaux a soumis ses remarques concernant le cahier des charges, sans toutefois recevoir de réaction.
La balle dans le camp des supermarchés
« Il n'est pas surprenant qu'un secteur nie toute implication dans des affaires de scandale révélé. On en a plutôt l'habitude. Mais les images ne mentent pas », confirme Ann De Greef, la directrice de GAIA. « La balle est maintenant dans le camp des supermarchés, ce sont eux qui peuvent faire changer les choses. Nous comptons sur Carrefour, Colruyt et les autres chaînes pour qu'elles cessent de vendre de la viande de chevaux. Lidl a déjà montré l'exemple, en suspendant ce commerce tant que des garanties sur le bien-être des chevaux ne pouvaient être apportées à toutes les phases de la production. »
Tournée d'été
Hier, GAIA a donné à Anvers le coup d'envoi de sa tournée d'été, qui sillonnera ensuite la Wallonie et la Flandre avec des étapes dans dix villes. L'organisation entend sensibiliser les passants sur la souffrance que subissent les chevaux roumains et argentins, avant de se retrouver dans les assiettes des consommateurs belges. Les réactions ont été pour le moins positives : près de mille cartes de protestation, adressées à Colruyt et Carrefour, ont été signées par les Anversois. Le mercredi 7 août, la tournée d'été fera étape à Charleroi.
La vidéo des enquêtes en Roumanie et en Argentine est disponible ici : Cliquez ici