Aujourd'hui, le Parlement a entamé le débat sur une possible interdiction de l'élevage d'animaux à fourrure en Belgique. Une première série d'auditions sur cet important dossier relatif au bien-être animal a été entendue au sein de la Commission Santé publique de la Chambre.
Le député fédéral Peter Vanvelthoven (sp.a) a déposé le 7 décembre 2010 une proposition de loi visant à interdire les élevages d'animaux à des fins de production de fourrure. Cette proposition a été cosignée par le PS et le MR. Le cdH, Ecolo et Groen ont introduit des propositions de loi similaires, et la N-VA a également pris position en faveur d'une interdiction. Une majorité est donc désormais constituée au Parlement pour mettre un terme à l'élevage d'animaux pour leur fourrure.
Opinion publique
Ce point de vue partagé par le PS, Ecolo, le cdH, le MR, le sp.a, Groen et la N-VA concorde par ailleurs avec les résultats des sondages d'opinion réalisés par IPSOS auprès d'un échantillon représentatif de la population. Il en ressort que près de 9 Belges sur 10 (86 %), toutes couleurs politiques confondues, considèrent qu'il faut en finir avec ce type d'élevage en Belgique, peu importe les conditions dans lesquelles les animaux sont détenus. En d'autres mots, l'opinion publique belge est très largement en faveur d'une interdiction légale des élevages d'animaux à fourrure.
L'interdiction s'étend
Réticents à l'idée d'une interdiction, certains avancent que la production se déplacerait alors vers d'autres pays, où les conditions sont encore pires. Mais c'est partir du principe, à tort, que les animaux à fourrure sont mieux lotis ici qu'ailleurs. Dans tous les cas, rien ne doit nous empêcher de mettre des changements en œuvre sur la base de nos propres normes morales et nos valeurs. GAIA est convaincu que c'est l'interdiction qui va se déplacer vers d'autres pays, et non la production. La Grande-Bretagne, la Bulgarie, l'Autriche, la Croatie, la Slovénie et la Bosnie-Herzégovine ont d'ores et déjà adopté une interdiction. Dans plusieurs autres pays, des propositions similaires sont prêtes à être débattues au Parlement. Même les Pays-Bas, soit le troisième plus gros producteur de fourrure au monde avec ses 5,5 millions de visons, ont décidé l'année passée de mettre un terme à ces élevages, comme l'a expliqué à la Commission Santé Publique Nicole Van Gemert, la directrice de l'organisation néerlandaise Bont Voor Dieren.
Mal-être animal
Les problèmes de bien-être animal qui se posent dans les élevages à fourrure sont criants. Les visons sont des animaux sauvages, dont le territoire à l'état naturel s'étend sur plusieurs kilomètres carrés. Ils passent une importante partie de leur vie dans et à proximité de l'eau. En élevage, enfermés dans des cages de treillis métallique de 85 cm x 30 cm, ils ne peuvent exprimer leur comportement naturel, et encore moins nager. Par ennui, frustration et la pauvreté de leur environnement, ils développent des comportements anormaux, des gestes de stéréotypie, qui expriment leur mal-être. Les visons tournent en rond de façon répétée, mordent le métal de leur cage, se rongent la queue par automutilation.
Impact nocif sur l'environnement
Marijn Bijleveld, un expert du bureau d'étude et de consultation CE Delft, spécialisé dans les questions environnementales, a présenté aux membres de la Commission les résultats d'une enquête portant sur l'impact négatif sur l'environnement de l'élevage d'animaux pour la fourrure. « L'impact sur le climat d'1 kg de fourrure est 5 fois supérieur au second textile le plus nuisible. En cause, principalement le fait que 563 kg de nourriture sont nécessaires pour produire 1 kg de fourrure. » Une riveraine d'un de ces élevages a également témoigné des importantes nuisances engendrées pour les habitants : odeurs, bruits, insectes, poules tuées par des visons en fuite... Le 26 juin, les auditions arriveront à terme. Les partisans de l'élevage d'animaux à fourrure seront ensuite entendus.
Ann De Greef, la directrice de GAIA, commente : « Nous attendions depuis longtemps le moment où les propositions de loi seraient débattues en Parlement. Ce moment est enfin arrivé. Nous espérons que le Parlement se prononcera rapidement en faveur d'une interdiction, pour qu'enfin soit mis un terme à l'élevage et à la mort d'animaux pour leur fourrure.»