L'organisation de défense des animaux GAIA est indignée par la proposition du rapport final des Assises de l'Interculturalité, selon laquelle l'abattage rituel doit continuer d'avoir lieu sans étourdissement. Sur ce point, il n'a pas du tout été question de dialogue interculturel, réagit le président de GAIA, Michel Vandenbosch. Aucun des soi-disant experts ne nous a consultés. Le rapport témoigne au contraire d'une vision unilatérale, partiale et préconçue. Si le gouvernement devait adopter cette proposition, nous nous retrouverions dans une situation où, sous le couvert de la liberté de culte, tous les bœufs, moutons et chèvres seraient abattus sans étourdissement pour servir des intérêts commerciaux, et seraient ainsi victimes de souffrances pourtant évitables. Actuellement, 92 % des moutons en Belgique sont déjà abattus sans étourdissement. GAIA encourage vivement le gouvernement à refuser cette proposition sur l'abattage rituel. Cette conclusion du dialogue interculturel ne mènera aucunement à une meilleure compréhension mutuelle, mais bien à une plus grande distance entre des communautés déterminées.
C'est un réel retour en arrière à l'égard de l'opinion de la majorité de la population, opinion scientifiquement fondée, selon laquelle l'abattage sans étourdissement entraîne des souffrances intolérables aux animaux, continue Michel Vandenbosch.
Rien n'indique que la liberté de culte serait amoindrie par une généralisation de la loi sur l'étourdissement obligatoire à toutes les formes d'abattage, rituel y compris. En effet :
- Premièrement, il existe plusieurs fatwas qui autorisent l'étourdissement des animaux avant l'abattage, et c'est également le cas de pays majoritairement musulmans comme l'Indonésie et la Malaisie.
- Deuxièmement, la viande de moutons certifiée halal en provenance de Nouvelle-Zélande et importée en Belgique (représentant plus de la moitié du total consommé chez nous, également par les musulmans) provient d'animaux qui ont bel et bien été étourdis. La viande de lapins et de volaille qui, en Belgique, sont étourdis avant l'abattage, est également certifiée halal et consommée par les musulmans. Il n'existe donc pas de règle ou de prescription uniforme en la matière. En revanche, il est un fait que certaines règles à suivre, comme l'interdiction de laisser les animaux destinées à l'abattage voir le couteau ou se voir les uns les autres, ne sont dans la pratique que rarement ou jamais respectées.
- Troisièmement, l'essence d'une religion ne dépend pas d'un changement dans la manière dont les animaux sont abattus. Il ne s'agit en aucune manière d'une attaque envers une religion, ni d'une opposition aux abattages rituels en eux-mêmes, et encore moins d'une restriction de la liberté de culte. Nous cherchons uniquement à éviter le plus possible que les animaux ne souffrent. Un étourdissement préalable n'empêche l'accomplissement d'aucun rite en rapport avec un abattage rituel.
Les faits scientifiques prouvent que les animaux abattus sans étourdissement sont victimes des souffrances aussi importantes qu'évitables, puisqu'il existe des techniques adéquates qui font perdre connaissance aux animaux presque instantanément, et ainsi toute sensation de douleur et de peur. C'est la raison pour laquelle le Conseil fédéral du Bien-être animal a recommandé à la ministre compétente de généraliser l'étourdissement à toutes les formes d'abattage. Les images d'abattages rituels sans étourdissement révélées à la fin de l'année passée par GAIA et prises dans 11 abattoirs belges, témoignent de façon explicite de la souffrance des bœufs, chèvres et moutons.
Sous le couvert de la liberté de culte , l'on cherche à renforcer des pratiques traditionnelles qui, au regard des connaissances actuelles, occasionnent des souffrances évitables aux animaux, et dont on peut se demander si elles sont conformes à l'esprit de l'Islam notamment, qui recommande le respect des animaux.