La Belgique ne respecte pas ses engagements à l'égard du règlement européen sur les produits chimiques REACH, dénonce l'organisation de défense des animaux GAIA auprès de la Commission européenne. « Nous n'avons ni le temps ni l'argent d'évaluer en profondeur les propositions de tests sur animaux pour les produits chimiques », ont répondu les fonctionnaires compétents du secrétaire d'Etat chargé de l'environnement Melchior Wathelet lors d'un entretien avec des représentants de GAIA. Le secrétaire d'Etat reconnaît le problème et a demandé plus de moyens budgétaires à ses collègues fédéraux. Or cette demande a été déclinée par le gouvernement. « Avec ou sans meilleur financement, le gouvernement est obligé de respecter ses engagements européens », réagit Michel Vandenbosch, le président de GAIA. « Les propositions de tests sur animaux pour produits chimiques sont transférées telles quelles à l'Agence européenne des produits chimiques (ECHA), sans que quiconque évalue si ces expériences sont nécessaires. Il s'agit pourtant d'une obligation légale. »
Obligation légale
Le règlement européen pour l'enregistrement, l'évaluation et l'autorisation des produits chimiques importés ou produits dans l'UE (REACH) prévoit que l'expérimentation animale ne peut avoir lieu qu'en dernier recours. Lorsqu'une proposition de test est introduite, chaque Etat membre a l'obligation d'examiner si une expérience similaire n'a pas déjà été effectuée, si une alternative n'est pas applicable, et s'il n'existe pas déjà de données suffisantes sur la sécurité du produit en question. Or, les autorités belges se contentent de vérifier le déroulement de la procédure. Ce manquement condamne potentiellement de nombreux animaux à un empoisonnement et une mort inutiles, dénonce GAIA.
Du gaz réfrigérant testé sur des lapins
La crainte de GAIA n'est pas sans fondement. A titre d'exemple, l'ECHA oblige l'entreprise Honeywell Belgium à réaliser des expériences inutiles sur un panel de 120 lapins. Pendant 90 jours, les animaux doivent respirer 6 heures par jour un gaz réfrigérant qui est utilisé pour l'air conditionné des voitures. L'entreprise elle-même considère ces tests comme superflus et cruels, et a décidé de faire appel. Une démarche appuyée par GAIA auprès de l'ECHA, et dans le cadre de la Coalition européenne pour mettre fin à l'expérimentation animale.
Une expérience sur des rats évitée
GAIA cofinance le travail de deux toxicologues, qui examinent à plein temps les propositions de tests sur animaux pour produits chimiques. C'est grâce à ce travail que GAIA a pu convaincre une autre entreprise de ne pas réaliser un test de toxicité sur 120 rats. Les toxicologues ont en effet découvert que cette expérience avait déjà été conduite en 1974, et qu'elle avait permis d'obtenir suffisamment d'informations.
Inaction des autorités
« Pour éviter des tests inutiles sur animaux, nous sommes obligés de faire le travail que les autorités belges sont tenues d'assurer », explique Michel Vandenbosch. « C'est un véritable scandale, d'autant plus que le nombre de propositions de tests est tellement élevé que nos scientifiques n'ont le temps de n'en évaluer qu'une quantité limitée. »