En 2014, plus de 664 471 animaux ont fait l’objet de tests de toutes sortes dans les laboratoires belges. GAIA prône dans ce cadre une politique ambitieuse visant à proposer des méthodes alternatives pour l’expérimentation animale et à éviter la souffrance de bon nombre d’animaux au nom de la science et de la santé publique. C’est la raison pour laquelle GAIA a fixé 6 priorités réalisables et sérieuses.
1. La fondation du Centre belge des méthodes alternatives
La loi belge prévoit depuis 2009 déjà la création d’un Centre belge des méthodes alternatives à l’expérimentation animale. Mais celui-ci n’a toujours pas vu le jour. Lors de la Journée GAIA qui s’est tenue en octobre 2014, les ministres régionaux du Bien-être animal avaient pourtant promis qu’ils se rassembleraient afin de créer un centre unique plutôt que trois centres distincts pour la Flandre, la Wallonie et Bruxelles.
La loi du 9 juin 2009 approuvée par le Gouvernement belge dispose de l’objectif du Centre, qui consiste à « stimuler la recherche, le développement et la validation notamment par l’intermédiaire de tests de fiabilité et d’utilité, des méthodes alternatives à l’expérimentation animale ».
Cette loi satisfait aux exigences de la directive européenne relative à la protection des animaux utilisés à des fins scientifiques. Sur papier du moins. Car dans la pratique, le centre n’a toujours pas été créé 5 ans après l’adoption de la loi et la Belgique n’a donc pas encore tenu ses promesses.
2. Une taxe sur les animaux de laboratoire
Il est bien entendu primordial de pouvoir disposer d’un budget suffisant pour la création et le bon fonctionnement d’un Centre belge des méthodes alternatives. D’où l’argent est-il censé venir ? À cette question posée par Michel Vandenbosch (président de GAIA) à Ben Weyts (ministre compétent en la matière) lors de l’émission « Reyers Laat » diffusée sur la chaîne flamande Canvas, le Ministre a répondu : « Je compte à cet égard aussi sur les entreprises elles-mêmes, car ce sont après tout elles qui feront usage des méthodes alternatives à l’expérimentation animale. » Mais plus d’un an et demi plus tard, la situation stagne toujours.
GAIA a donc eu une toute nouvelle idée : l’instauration d’une taxe sur l’utilisation d’animaux de laboratoire. Concrètement, les entreprises et institutions scientifiques ayant recours à des tests sur les animaux devraient payer une somme d’argent déterminée pour chaque animal qu’elles possèdent et sur lesquels elles effectuent des tests. « C’est le principe du pollueur-payeur », explique Michel Vandenbosch, président de GAIA. « Nous espérons que cela les fera réfléchir. Il me semble plus que logique que le monde scientifique contribue au financement d’un Centre belge des méthodes alternatives. »
Le Ministre wallon du Bien-être animal Carlo Di Antonio (cdH) n’est quoi qu’il en soit pas opposé à l’idée avancée par GAIA. À l’occasion d’une récente rencontre avec GAIA, il a indiqué clairement être disposé à se pencher sur la proposition de l’ASBL. Bianca Debaets, Secrétaire d’État bruxelloise au Bien-être animal (CD&V), n’écarte pour sa part pas d’emblée l’idée d’une nouvelle taxe sur l’utilisation des animaux de laboratoire.
3. Réduction du nombre d’animaux de laboratoire
GAIA estime qu’une stratégie claire s’impose afin de réduire le nombre d’animaux de laboratoire. L’ASBL souhaite à cet effet fixer des objectifs concrets de par exemple 5 % d’animaux de laboratoire en moins chaque année.
Deux approches sont possibles à cet effet :
a) selon le domaine d’application. Comment ? En réduisant de manière structurelle le nombre d’animaux utilisés dans certains secteurs, comme pour les tests toxicologiques dans le cadre de la recherche de nouveaux médicaments. Ces expérimentations sont en effet souvent très douloureuses, et empoisonnent les animaux.
b) selon l’espèce. Comment ? En réduisant, et finalement supprimant complètement les tests sur certaines espèces d’animaux comme les primates, chiens et chats. Si cette approche ne permettra pas une baisse importante du nombre d’animaux de laboratoire, elle satisfera tout du moins à la volonté de la grande majorité de la population belge, qui compte en effet de nombreux citoyens étant par principe opposés aux tests sur les primates, chiens et chats. Faire diminuer ces expérimentations et, à terme, ne plus les autoriser, constituerait donc un signal positif et progressif de la part de notre pays.
4. Interdiction de l'expérimentation animale pour les produits de nettoyage
Les essais sur les animaux pour les cosmétiques sont interdits dans l’Union européenne. Depuis mars 2013, il n’est également plus autorisé de commercialiser les produits pour lesquels des tests ont été réalisés sur des animaux en dehors de l’UE. L’expérimentation animale y est en revanche toujours légale dans le cadre de la fabrication de produits d’entretien. GAIA se bat pour que cette forme de tests soit elle aussi interdite dans tous les États membres de l’UE vu les atroces souffrances qu’elle implique pour les animaux. Et même si de tels tests n’ont pas lieu en Europe, une interdiction européenne serait un moyen de les bannir définitivement.
5. Toute la transparence sur l’expérimentation animale
Le SPF Santé publique ne diffuse à l’heure actuelle que des chiffres annuels sur le nombre de tests sur les animaux réalisés dans les différents laboratoires de notre pays. Ces chiffres ne fournissent toutefois aucune indication sur la nature des tests effectués : il s’agit simplement d’une série de statistiques que les laboratoires remettent eux-mêmes au SPF Santé publique.
C’est la raison pour laquelle GAIA demande à ce que le Gouvernement fournisse, outre les chiffres annuels sur le nombre d’animaux de laboratoire, des données bien plus précises concernant la nature des tests effectués, la souffrance animale et la quantité de tests douloureux subis par les animaux sans étourdissement préalable.
6. Un Comité déontologique bien huilé
Le Comité déontologique est jusqu’à ce jour un organe fédéral qui émet des recommandations sur l’expérimentation animale au ministre compétent. Il convient d’accorder une attention toute particulière lors de sa composition, car la plupart de ses membres entretiennent actuellement une étroite relation avec les laboratoires réalisant des expérimentations animales. GAIA exige dès lors du Comité qu’il soit composé de manière équilibrée, entre autres en y intégrant certains de ses représentants. « Le Comité ne peut pas servir d’écran aux atrocités qui se déroulent en coulisses », conclut Michel Vandenbosch, président de GAIA.