Pour les animaux victimes de maltraitance, ce titre provocateur n'est peut-être pas la dernière mauvaise blague belge.
Six inspecteurs vétérinaires en Wallonie contre treize en Flandre
Dans le cadre de la régionalisation du bien-être animal, Animaux en Péril et GAIA ont été informées par les inspecteurs vétérinaires du SPF Santé publique (cellule inspection Bien-être animal) que les effectifs de terrain seront répartis, dès le 1er juillet 2014, comme suit :
Treize équivalents temps plein pour la Flandre, deux pour Bruxelles et six pour la Région wallonne!
À ce stade, aucune explication objective de cette répartition surréaliste n'est fournie par l'administration de la Santé publique.
Une évolution lente mais réelle
Depuis 1999, le bien-être des animaux dépend directement de la compétence du Ministère fédéral de la Santé publique. Avant cette date, il était géré par le Ministère de l'Agriculture.
Durant ces quinze dernières années, les organisations de protection animale ont régulièrement salué les avancées en matière de droits des animaux. Le travail des inspecteurs vétérinaires - cellule Bien-être animal - a également évolué dans la bonne direction, à la satisfaction des associations.
Une importante partie du travail de ces inspecteurs vétérinaires s'exerce directement sur le terrain. Ceux-ci sont quotidiennement confrontés à de graves situations de détresse animale provoquées par des propriétaires négligents ou malveillants. Ces contrôleurs se déplacent généralement sur base de plaintes relayées par les associations et refuges agréés, et ont le pouvoir de saisir les animaux martyrs.
Plusieurs milliers de cas par an et des centaines d'animaux saisis
Chaque année, au niveau national, plusieurs milliers de dossiers sont ouverts. Pour la partie francophone du pays, ce ne sont pas moins de 1.653 dossiers de maltraitance animale qui ont été traités en 2013, alors qu'on en comptait 1.412 en 2012.
Devant cette augmentation exponentielle, la ministre Laurette Onkelinx avait promis en 2013 que les effectifs seraient pratiquement doublés avec l'engagement d'une douzaine de contrôleurs supplémentaires, répartis équitablement dans chaque région. Le financement de cette mesure était garanti notamment grâce à la marge bénéficiaire que l'état prélève sur l'enregistrement des chiens à l'ABIEC.
Aujourd'hui, à moins de six mois de la régionalisation du bien-être animal, prévue par l'accord gouvernemental de la législature en cours, et alors que l'on ignore encore quel Ministère en prendra la charge, les fonctionnaires francophones du SPF Santé publique (cellule Bien-être animal) sont informés que non seulement ils ne bénéficieront pas de renforts mais seront en plus amputés d'un quart de leur effectif. En effet, l'équipe actuelle composée de huit personnes passera à six : un coordinateur, un employé administratif et quatre vétérinaires-contrôleurs ! Dans le même temps, le service néerlandophone équivalent passera à treize personnes !
Les inspecteurs « bien-être animal » devront également traiter les dossiers de l'AFSCA
Alors que le manque d'effectifs se révèlera sans aucun doute désastreux en Wallonie, Animaux en Péril et GAIA ont également été informées que les contrôles « bien-être animal » concernant les marchés, les transports et les exploitations agricoles, aujourd'hui gérés par l'AFSCA, seront aussi absorbés par cette nouvelle cellule régionale. Avec une moyenne annuelle de 1.500 dossiers traités par l'Agence fédérale pour la partie francophone du pays (1.529 en 2012), les inspecteurs vétérinaires auront à effectuer deux fois plus de contrôles après la régionalisation, et ce avec une équipe rabotée de 25 %. La ministre Laurette Onkelinx doit réagir d'urgence !
Les tableaux de répartition aux régions des fonctionnaires chargés du bien-être animal vont être proposés à la chancellerie ce mercredi 15 janvier 2014. Après cette date, il sera trop tard.
Animaux en Péril et GAIA insistent avec fermeté pour que cette répartition totalement inégale et injuste soit reconsidérée et qu'un équilibre entre les différentes communautés soit respecté. En outre, madame Onkelinx doit impérativement tenir ses promesses quant à l'engagement de fonctionnaires supplémentaires. De plus, ces nouveaux inspecteurs et contrôleurs devront faire partie intégrante du personnel régionalisé. Sans cela, la législation sur la protection des animaux sera tout simplement inapplicable en Région wallonne et de nombreux animaux maltraités ne seront pas secourus.
Enfin, les organisations pour les droits des animaux profitent de l'occasion pour répéter qu'elles s'opposent totalement à l'éventualité d'un nouveau rattachement du « Bien-être animal » au Ministère de l'Agriculture.